Ce soir, je dors au poste de police
Je voulais dormir sur le bord de la route comme je l'ai fait des dizaines de fois, mais les gens de la place ont eu peur que je sois un voleur... Une vingtaine de personnes, dont un policier, m'ont abordé toutes en même temps. Comme je ne comprenais pas ce qu'il me disait, ils ont eu de fortes discussions entre eux. Ça criait, argumentait et parfois ça riait.
Après environ 1 heure, tout un contingent de police arrive (5 policiers + un chef) armé de fusil-mitrailleur. J'étais sidéré et un peu impatient, car j'étais fatigué. Au début, je me suis montré peu coopératif, mais après que la police me menace de m'embarquer, j'ai accepté de les accompagner au poste de police... avec trois policiers à l'intérieur de mon camion.
Une fois sur place, le chef de police m'a demandé mes documents et après 15 minutes il m'a dit que je pouvais dormir en face du commissariat dans mon camion. Il dit que c'est pour ma sécurité. Il me force à rester sur place, en gardant mes papiers jusqu'au lendemain matin. Ce n'est peut-être pas de la corruption, mais c'est de l'abus de pouvoir.
Le lendemain, après quelques heures d'attente, j'ai rencontré le chef de police. Officiellement, j'ai été arrêté pour avoir refusé de suivre les policiers au début. Ils sont très stricts et l'on doit obéir même si ça ne fait pas de sens. J'imagine que 25 ans de guerre civile, ça laisse des marques. Les villageois n'aiment pas voir de voiture près de leur communauté. Ils craignent les voleurs, les kidnappeurs d'enfants et les tueurs qui coupent des morceaux de leurs victimes et qui les rapportent dans la voiture. Le chef m'a dit que tout ça existait au Mozambique.
Bref, après la conversation et la fermeture du dossier (oui, j'ai un dossier au Mozambique), j'ai pu récupérer mes papiers. Juste avant de partir, ils ont fouillé la voiture et ils ont même regardé dans le frigo. Heureusement que je n'avais pas de morceaux d'humains.
Les contrôles de police et de l'armé
Dans beaucoup de pays africains, il y a beaucoup de contrôle policier. Je n'ai jamais eu de problèmes avec ces contrôles, car mes papiers ont toujours été en ordre. Au Mozambique, les contrôles sont fréquents, mais les gens effectuant les contrôles sont très emmerdants.
En plus de vérifier les papiers, il y a des gars de l'armée qui veulent fouiller la voiture. C'est chiant, d'autant plus qu'après 5-6 fois la même journée, on commence à être très tanné.
Autour de Gurué, on me contrôlait parce qu'il se demandait si je ne faisais pas le trafic de pierres précieuses. D'ailleurs, j'ai rencontré un gars qui en vendait dans la ville de Gurué. Voulez-vous son numéro de téléphone? Je l'ai encore...
Après avoir visité la réserve de Niassa, on fouillait le véhicule pour voir si j'avais des trophées de chasse.
Une fois, après avoir passé un contrôle policier, je me suis arrêté à l'ombre d'un arbre sur le bord de la route pour le lunch. Une voiture de police est passée et deviner quoi? Ils se sont arrêtés, ils ont contrôlé tous mes papiers et ils ont fouillé le véhicule... Tu parles d'un harcèlement constant.
Avec mon minibus, j'ai toujours passé incognito un peu partout. J'imagine qu'au Mozambique, être un gars seul dans sa petite fourgonnette, c'est louche. Ça laisse un goût un peu amer du Mozambique.