Une longue journée
Les montagnes de l'Équateur sont magnifiques, mais parfois elles peuvent réserver quelques surprises. Certaines portions de mon itinéraire suivent une piste qui se nomme la Trans-Équateur. Cette piste est un superbe trajet créé pour les vélos d'aventures et de montagne. Je me suis dit que si un vélo peut le faire, une moto passera sans problème... et bien non.
La veille, j'avais écrit à mon amie Catherine pour lui dire que je partais pour une excursion dans la montagne. Elle m'a ensuite demandé comme fut ma journée. Je lui ai répondu que ma journée dans les montagnes fut très longue et qu'elle dura deux jours.
La journée a commencé par une belle rencontre. Après m'être arrêté pour prendre quelques photos du paysage, ce groupe de jeunes curieux se sont approché timidement de moi. Après quelques salutations, je leur ai demandé s'ils voulaient bien se faire prendre en photo. Immédiatement, ils se sont installés devant la moto et le jeune homme a posé le casque sur sa tête. Génial.
Après quelques heures de bonheur dans ces magnifiques paysages, je suis tombé sur un mini éboulement de boue sur la piste. Il n'y avait que 4-5 mètres; ça me semblait assez facile à traverser. Je marche un peu sur la boue et il me semble que ce n'est pas trop profond. Alors, je m'y risque.
Bon d'accord, ça ne passe pas, je m'enfonce assez rapidement, bloqué par une branche en travers de la boue. J'ai dû enlever tous les bagages pour diminuer le poids de la moto, mais l'effort requis a été assez épuisant. Je suis à environ 4000 mètres d'altitude et donc pas encore acclimater à cette altitude. Après une heure, je réussis à sortir de la boue.
Normalement, après ce genre de mésaventure, un gars intelligent aurait rebroussé chemin et cherché une piste alternative. Mais, j'étais si proche de mon but; quelques mètres de boue et ensuite 3-4 kilomètres de piste jusqu'à une route plus importante.
Je regarde longuement la piste, je regarde s'il serait possible de passer à peu à la droite de ma première tentative. Cette fois, je teste avec mes bottes toute la largeur de l'obstacle. Je tâte aussi avec un bâton pour voir la profondeur de la boue. Tout semble correct, je tente de traverser à nouveau...
J'essaie pendant près de deux heures de me sortir de ce pétrin. Je creuse avec mes mains ou avec un bâton, mais à la fin je n'ai réussi qu'à m'enfoncer plus profondément et à m'épuiser. Le jour tire à sa fin et il ne me reste qu'une option; j'installe la tente le long de la route et j'y passe la nuit.
Il y a un petit ruisseau tout près d'où je suis et je peux y puiser de l'eau. Je me couche tôt et je passe une nuit pas très confortable, car il pleut toute la nuit. J'avais peur que la piste ne s'écroule et que je perde la moto.
Le lendemain, je dois marcher plus d'une heure et demie avant d'arriver à deux petites maisons où deux jeunes hommes acceptent de venir m'aider. Avec leurs motos, nous sommes retournés où j'étais embourbé puis ils m'ont aidé à sortir de ma fâcheuse position.
Tout est bien qui finit bien, mais ce fut quand même un peu stressant. La fatigue de la veille et le manque de bouffe et de chaleur ont été vraiment pénibles. À près de 4000 m d'altitude, la fatigue musculaire était assez intense le lendemain. Presque toute la journée du lendemain, la pluie n'a pas cessé. J'ai passé la journée trempée et dans des chemins vaseux. Les paysages étaient encore superbes, mais j'ai un peu moins apprécié. Tous mes trucs étaient humides et l'eau est entrée dans la tente… trop de trous partout.
En fin de journée, j'arrive à la petite ville de Guamote... un dimanche. Tout semble fermé et je ne trouve pas d'endroit où laver la moto. Je cherche un hôtel, mais quand j'en trouve un, il n'y a personne. Un peu découragé, j'attends un peu et je cherche un autre endroit sur le téléphone. Après 10-15 minutes, une dame arrive et c'est la propriétaire de l'hôtel. Ouf, je suis trop content.
Après ma mésaventure, la chance me sourit. Je peux laver la moto et l'équipement devant l'hôtel. Dans le grand stationnement, je peux étendre tout mon équipement et le faire sécher. En plus, après une semaine sans soleil, ce dernier décide de se montrer la face pendant près de 2 heures. Tout le temps qu'il me fallait pour tout soit parfaitement sec.
Les montagnes - partie 2
(Équateur)
La région du Chimborazo
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