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Santiago de Chile

23 décembre 2019  —  Chili 2
Santiago - Chili

Pendant la période des fêtes de Noël et du jour de l'an, je suis resté à Santiago, la capitale du Chili. En fait, j'y suis resté presque un mois à relaxer et essentiellement à ne rien faire. J'ai loué une maison via Airbnb dans le quartier Ñuñoa en plein coeur de la ville; il s'agit d'un très beau quartier résidentiel avec beaucoup de restaurants, bars et centres commerciaux.

J'ai visité quelques endroits dans la ville, mais je voulais surtout prendre part aux manifestations et vivre une nouvelle expérience de voyage. Vous constaterez que les manifestations dans la capitale sont très intenses et elles peuvent être très dangereuses...

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Mariana

Lors de ma visite, le centre-ville de Santiago avait subi beaucoup de dégât en raison des manifestations. Autour de la Plaza de la Dignidad, les murs ont été couverts de graffitis et d'affiches et il y a eu aussi beaucoup de vandalisme.

L'hôte de la maison où je suis resté était Mariana. Ce fut une belle rencontre et nous sommes allés plusieurs fois aux restaurants et dans quelques bars. Elle m'a fait découvrir quelques lieux intéressants de la ville et aussi où se déroulent les manifestations.

Note: les photos et la vidéo qui suivent ne sont pas toutes de bonnes qualités. Mon appareil photo était brisé et j'avais des problèmes avec l'autofocus. En plus, la prise de son sur la vidéo est médiocre puisque le microphone extérieur que j'avais ne fonctionnait pas...

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Les manifestations au Chili

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Les manifestations civiles ont commencé le 7 octobre 2019 après une augmentation des coûts de transport du métro de Santiago. L'augmentation de 30 pesos par passage (5 cents canadiens) n'est évidemment pas la seule raison du mécontentement, c'est plutôt la goutte qui a fait déborder le vase. L'augmentation des coûts de la vie, la privatisation des services et l'inégalité entre les riches et les pauvres ont contribué à la lassitude de la population.

Après l'annonce des changements de coûts pour le métro, les élèves du secondaire ont entamé une campagne d'évasion fiscale en refusant de payer leur billet de métro. Ils sautaient par-dessus les barrières et il y avait des occupations spontanées de certaines stations de métro qui ont mené à des confrontations avec les Carabineros de Chile (la police nationale). À partir de ce moment, il y a rapidement eu une escalade du conflit.

Le 18 octobre, quelques groupes de personnes ont commencé à vandaliser les infrastructures de la ville; plusieurs stations de métro ont été brûlées ou endommagées causant même l'arrêt complet de tout le système de trains. 81 stations ont subi des dommages majeurs dont 17 ont été incendiées. Le même jour, le président Piñera annonce l'état d'urgence et le déploiement de l'armée chilienne afin de maintenir l'ordre et éviter des dommages supplémentaires aux infrastructures publiques. Le 19 octobre, un couvre-feu entra en effet dans tout le grand Santiago.

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Que la dignité devienne une habitude (ou la normalité).

Dans les jours qui ont suivi, les manifestations se sont étendues à d'autres villes chiliennes telles que Concepción, San Antonio et Valparaiso. L'état d'urgence fut étendu à ces villes, mais aussi à beaucoup d'autres grandes villes partout au pays. Les manifestations ont été considérées comme les pires troubles civils depuis la fin de la dictature militaire de Pinochet en raison de l'ampleur des dégâts, du nombre de manifestants et des mesures de répression prises par le gouvernement. Plusieurs entreprises et des commerces ont été pillés par la foule partout au pays.

Le 25 octobre 2019, plus d'un million de personnes sont descendues dans les rues à travers le Chili afin de protester contre le président Piñera. En date de février 2020, 36 personnes sont mortes, 11 564 civils furent hospitalisés pour des lésions reçues lors des affrontements (dont 285 pour des lésions à un oeil), plus de 2000 policiers furent blessés et environ 28 000 personnes ont été arrêtées.

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Vieille dame avec un drapeau mapuche (peuple autochtone du Chili et de l'Argentine).

Un jeune étudiant universitaire, Gustavo Gatica, a perdu l'usage de ses deux yeux après avoir reçu des balles de caoutchoucs tirés par les policiers. Fabiola Campillay, mère de trois enfants, a également perdu la vue après avoir été touchée au visage par une bombe lacrymogène; elle se rendait au travail. L'institut chilien des droits de la personne a dénoncé des cas de violences contre des manifestants; tortures, mutilations d'un oeil et abus sexuels.

Les pertes économiques sont estimées à 3.3 milliards de dollars américains en incluant les dommages aux infrastructures et les pertes d'emploi se chiffrent entre 100 000 et 300 000 postes.

Le 15 novembre 2019, le pays a accepté de tenir un référendum afin de réécrire la constitution qui date de l'époque de Pinochet. Presque un an plus tard, le 25 octobre 2020, les Chiliens ont voté à plus de 78% en faveur d'une nouvelle constitution. Le 11 avril 2011, un autre vote permettra de choisir les 155 Chiliens, qui formeront le colloque pour l'ébauche de la nouvelle constitution. Finalement, au plus tard au mois d'août 2022, un vote sur la nouvelle constitution sera fait.

Lors de mon passage en décembre 2019, des manifestations avaient lieu chaque vendredi à la Plaza de la Dignidad, dans le centre-ville de la capitale. Tout le long de l'année 2020 et en janvier 2021, des manifestations sont encore organisées...

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter l'article Manifestations de 2019-2020 au Chili sur Wikipédia.

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Les revendications

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Merci, courageuse jeunesse!

Au début, les manifestants ne réclament qu'une annulation du nouveau prix du ticket de métro et le gouvernement annule rapidement cette augmentation. Par la suite, les gens veulent la démission du président Piñera en raison de la répression violente dès le début des manifestations.

Les gens veulent aussi l'adoption d'une nouvelle constitution, une réforme du système des retraites et une déprivatisation de l'accès à l'eau (seul pays au monde à imposer un droit de propriété sur l'eau). Ces trois derniers points sont des problèmes hérités de la dictature de Pinochet.

Les syndicats demandent une augmentation du budget de la santé et une hausse du salaire minimum.

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Graffitis et affiches

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Les rues près du centre historique et surtout celle autour de la Plaza de la Dignidad sont couvertes de graffitis et d'affiches. La plupart d'entre eux sont des messages dénonçant ou insultant le gouvernement et les policiers.

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ACAB: All cops are bastards
(Les policiers sont des salauds).
Acronyme utilisé partout dans le monde.
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Paco asesino: policier assassin.
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1973 (dictature de Pinochet) = 2019
Police meurtrière.
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Oeil pour Oeil
Fuck la police.
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Qui sont ces gens? Ont-ils disparu?

En fait, après quelques recherches sur Internet, je constate que ce sont des gens du clergé qui ont tous été accusés de crimes sexuels et qui n'ont jamais été vraiment punis par les autorités. Oui, la religieuse fut également accusée d'abus sexuels sur des mineurs.

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Piñera est perdu,
État assassin.
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Plusieurs manifestants ont perdu l'usage d'un oeil à la suite d'une blessure infligée par la police.
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Ils l'appellent démocratie, mais ce ne l'est pas.
Cessez la dictature.
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Priez pour ceux qui luttent.
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Masque du président Piñera sur le personnage de Monopoly (le capitalisme).
Piñera assassin.
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Confrontations avec les Carabineros

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La plaza de la Dignidad, aussi connue sous les noms Plaza Italia ou Plaza Baquedano, est au coeur des manifestations chiliennes. C'est ici que les premières manifestations ont commencé et c'est toujours l'endroit de prédilections pour les revendications du peuple. Lors de mon passage, en décembre 2019, les manifestants s'y donnent rendez-vous tous les vendredis.

Le vendredi en après-midi, il y a énormément de policiers et de véhicules antiémeutes. Les premiers manifestants arrivent en masse et des affrontements avec les policiers s'en suivent. Le but est de 'gagné' la plaza afin de pouvoir manifester.

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Du gaz lacrymogène.

Cette lutte est loin d'être de tout repos, car il y a toujours le risque de recevoir une balle de caoutchouc en pleine face, d'entrer en contact avec du gaz lacrymogène, de se faire arrêter, ou bien de recevoir une pierre lancée par un manifestant.

En voulant faire des photos, je me suis retrouvé par erreur entre les policiers et les manifestants, avec une pluie de pierres qui volaient au-dessus de ma tête ou qui éclairaient autour de moi... Heureusement, je n'ai pas eu de blessure. Je me suis retrouvé dans ce pétrin pendant un mouvement de foule soudain; les gens se mettent à courir, car ils croient que les policiers vont charger ou bien en raison d'une bombe lacrymogène qui éclate près d'eux. À un moment, je n'étais plus capable d'ouvrir les yeux et je me suis arrêté de courir; j'étais coincé entre les manifestants et la police.

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Les manifestants arrivent en grand nombre à la Plaza de la Dignidad. La plaza est en fait une statue en plein centre d'un gigantesque rond-point; c'est un grand terrain plat à découvert.

Je ne comprends pas le but de la police. Est-ce qu'ils finissent par reculer parce qu'ils ne veulent pas un bain de sang? Si c'est le cas, pourquoi affronter les citoyens chaque fois qu'il y a une manifestation? D'un autre côté, il serait vraiment difficile pour la police de contrôler la plaza étant donné que c'est un terrain plat où les manifestants peuvent venir de tous les côtés. Bref, qui veut ces confrontations? Le gouvernement, les manifestants ou les deux?

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Les policiers essaient de disperser les gens avec des véhicules munis de canons à eau poivrée. L'eau est vraiment irritante pour les yeux et la gorge.
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La seule arme des manifestants...
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Les manifestants gagnent du terrain, la police recule peu à peu tout en continuant d'asperger les gens d'eau poivrée.
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Équipe de secouristes.

Les manifestants sont bien organisés. Cette équipe de secouriste vient en aide aux gens qui ont des problèmes.

Remarquez la bouteille de plastique blanche qu'une des secouristes tient à la main. Elle asperge les yeux des manifestants qui ressentent des brûlures dues au gaz dans l'air. C'est très efficace... j'en sais quelque chose!

La solidarité des manifestants est remarquable. Dans cette foule de gens qui courent, qui lancent des pierres ou qui revendiquent par la chanson, personne ne se bouscule et tout le monde s'entraide. Si quelqu'un tombe, on se presse de le remettre debout. Si quelqu'un est incommodé par le gaz, un secouriste lui asperge les yeux afin de neutraliser l'effet de ce gaz, ou bien un autre manifestant prend la personne par le bras pour la tirer hors de danger. C'est vraiment le peuple uni contre l'état.

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Les manifestants ont pris le contrôle de la plaza. Les gens affluent rapidement et la musique commence.

À partir de ce moment et pour une bonne partie de la soirée, tout est relativement paisible et la manifestation se déroule sans problème sur la plaza. C'est très festif et les gens revendiquent à travers la musique et les chansons.

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Cartouches de gaz lacrymogènes tirées par la police.
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Chaque cartouche possède plusieurs charges.
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Plaza de la Dignidad

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Après avoir 'gagné' la plaza, les Chiliens ont choisi la musique et les chansons comme moyen de démontrer leur solidarité. Pendant plusieurs heures, l'ambiance est celle d'une grande fête du peuple.

Les revendications se font à travers les chansons, mais aussi à l'aide d'affiches, de banderoles et des drapeaux.

Je vous suggère fortement de regarder la vidéo à la fin de cet article.

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Frère, ta présence nous manque à cette marche.
La répression d'aujourd'hui est la vie quotidienne pour le Mapuche (peuple autochtone).
Fini les assassinats, la torture, les [montages?]...
Liberté pour les opposants politiques mapuches.

Note: certaines gens sur les photos ont été gravement blessés ou même tués.

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Non à la dictature.
Non à l'économie néolibérale sauvage.
Chili, réveille-toi!
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Recherché: délinquant.
Note: photo du président.
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Policier tenant deux yeux.
Note: en référence aux manifestants ayant perdu l'usage d'un oeil.
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Femme autochtone mapuche.
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Ils nous donnent la corruption, nous leur donnons la révolution.
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Dans les rues autour de la plaza.
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Au loin, Santiago brûle.
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Au loin, Santiago brûle.
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Les gens de la 'Première ligne'

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Pendant que la musique bat son plein à la Plaza de la Dignidad, les gens de la 'Première Ligne' continuent le combat. Ce nom désigne les Chiliens qui prennent d'énormes risques à affronter les policiers en face à face. Plusieurs d'entre eux ont subi des blessures très graves et quelques milliers ont été arrêtés par les autorités.

Ces manifestants s'assurent que les carabineros ne reviennent pas sur la plaza en confrontant les policiers dans les rues avoisinantes. Les confrontations perdurent pendant de nombreuses heures.

La 'Première Ligne' est très respecté par les autres manifestants et même les Chiliens au loin dans un village. La solidarité chilienne s'étend bien au-delà des manifestants. En effet, tous les gens à qui j'ai parlé, peu importe s'il était en ville ou dans un village reculé de l'arrière-pays, ont la même opinion envers la 'Première Ligne' et les manifestants... Ils sont tous en accord avec ce qu'ils font même s'ils vont parfois trop loin; c'est un mal nécessaire afin de faire plier le gouvernement.

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Préparation des nouvelles munitions.
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Les casseurs

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Dans toutes manifestations, il y a toujours les idiots dont le but n'est que de vandaliser les biens publics.

Ces deux jeunes transportent l'ameublement d'un édifice afin de le brûler dans la rue. Je ne sais pas si c'était un édifice gouvernemental ou pas.

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Au loin, une épaisse fumée s'élève dans le ciel. Que se passe-t-il?

Des manifestants ont bloqué un autobus de la ville près de la plaza. Après que les passagers sont sortis du véhicule, ils l'ont tout simplement incendié.

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Prenez le temps de regarder cette vidéo. L'expérience est plus intense.

Note: mettez la vidéo en plein écran avec le button en bas à droite.