Johannesburg - Soweto - Prétoria
Johannesburg et Soweto
Johannesburg a la réputation d'être une ville très dangereuse où le crime y est très fréquent. Tout comme Nairobi au Kenya, la liste de délits est impressionnante: vols dans les résidences, vols dans la rue, vols dans un guichet automatique, violence conjugale et meurtres. Malgré tout, une visite à Johannesburg en vaut l'effort si ce n'est que pour constater qu'on ne se sent pas plus inquiet dans cette grande ville qu'ailleurs dans le monde.
Les crimes sont très souvent confinés aux townships (bidonvilles) et arrivent durant la nuit. Alors, avec un peu de vigilance et des déplacements durant le jour, Joburg est sécuritaire. Cela dit, les préjugés sont tenaces et pour ma première journée de visite, j'ai opté pour ne pas apporter mon appareil photo: un choix que je regrette un peu. Alors, pas de photos de la ville.
Pour mes premiers jours en sol africain, j'ai choisi de m'installer dans l'hôtel de backpackers de Soweto, le township le plus grand de l'Afrique du Sud, mais avec une histoire très importante dans le processus qui a mené à la fin de l'apartheid.
L'histoire de l'Afrique du Sud est complexe à résumer en quelques lignes. La colonisation de l'Afrique du Sud s'est faite par les Anglais (British) et aussi les Hollandais (les Boers). Il y a eu quelques guerres entre Anglais et Boers ainsi que contre les peuples locaux (les Africains noirs). Peu importe le camp où l'on se trouvait, le blanc était toujours considéré comme la race supérieure et les non-blancs (noirs, indiens, asiatiques, métissés) comme une catégorie inférieure de citoyen. Les noirs, en particulier, étaient traités de façon très déshumanisante.
Au musée de l'apartheid à Johannesburg, on peut apprendre une partie de l'histoire de l'apartheid. Dans les années 1900, les blancs avaient peur de perdre le pouvoir et ont commencé à faire de nombreuses lois menant à l'apartheid; mot signifiant à part. D'après ce que j'ai pu constater, l'apartheid était très similaire à l'esclavage. Les noirs et autres non blancs n'avaient pas le droit de vote, ils ne pouvaient circuler dans certaines zones sans un laissez-passer, ils ne pouvaient posséder une terre, un commerce ou une maison dans les zones non autorisées par le gouvernement. Leur salaire était ridiculement bas et les conditions de travail horribles (dans les mines par exemple). Dans les établissements publics, il y avait une file pour les blancs et une autre pour les non-blancs. Éventuellement, une loi attribuait 92% des terres sud-africaines aux blancs et le reste aux noirs qui formaient près de 80% de la population.
Un exemple d'aberration sous le système de l'apartheid est résumé sur cette photo. Le comité attribuant les laissez-passer aux gens commettait souvent des erreurs qu'ils étaient difficiles de réparer par la suite. Une partie du texte se résume comme suit: «L'an dernier, plus de 1000 personnes ont changé de races dues à un simple coup de crayon... 19 blancs sont devenus colorés, trois Chinois sont devenus blancs, 249 noirs sont devenus colorés, 2 noirs sont devenus 'autre Asiatique', 11 colorés sont devenus chinois, etc. Aucun noir n'est devenu blanc et aucun blanc n'est devenu noir».
Si vous commencez à vous intéresser à l'histoire de l'Afrique du Sud, vous pouvez commencer par lire le livre de Nelson Mandela, 'Un long chemin vers la liberté'.
En Afrique du Sud, chaque ville était de prédominance blanche et adjacente à celle-ci, il y avait un township où vivaient les noirs et autres non blancs. Soweto est le township en banlieue de Johannesburg. Aujourd'hui, les noirs ont repris leurs places dans les villes et villages et sont maintenant libres au même titre que les blancs ou toute autre race. Depuis la fin de l'apartheid en 1990, une population de noirs de classe moyenne et riche habite les mêmes quartiers que les blancs. Par contre, les townships sont toujours présents et fortement de races noires. Il y a plusieurs niveaux de 'qualité' dans les townships, mais sur ces photos je vous montre une partie très rudimentaire de Soweto.
Ces maisons ont été bâties par le gouvernement. Le but était de les offrir aux gens de Soweto qui devraient payer $70 par mois pendant 5 ans et ainsi devenir propriétaire d'un appartement. Mais bon, $70, c'est trop pour la plupart des résidents de Soweto. Alors, les gens ont boycotté le projet. Résultat: depuis plus de 6 ans, ces immeubles sont inhabités.
À Soweto, il y a un superbe hôtel de backpacker dont le propriétaire est un noir né à Soweto. En Afrique du Sud (et en Afrique en général) les commerces 100% noirs sont assez rares. En plus, l'endroit est très plaisant et les gens sont super sympathiques.
L'histoire de Soweto est intimement liée à celle de l'apartheid. Cette photo illustre un tournant important dans l'histoire du pays. En 1976, l'apartheid est toujours en vigueur et plus fort que jamais. Les noirs reçoivent tout de même une éducation sommaire dans des classes de plus de 80 élèves ou les professeurs ne sont souvent pas très qualifiés. Comble d'arrogance, le gouvernement décide qu'à partir de maintenant, les cours se donneront en afrikaans au lieu d'en anglais.
Normalement, l'éducation était en anglais et très peu d'étudiant ou de profs parlent afrikaans. Les étudiants ne sont pas d'accord et décident de manifester. Ils font une grande marche qui commence au coeur de Soweto et devait se rendre à Johannesburg. Le gouvernement décide d'y mettre fin et fait feu sur la foule. Le premier jeune à mourir est Hector Pieterson, un jeune homme de seulement 13 ans. La photo montre Hector dans les bras d'un autre étudiant et la soeur de Hector courant au côté.
Cette journée-là et pendant les mois qui ont suivi, plusieurs townships à travers le pays se sont soulevés. Plus de 1000 étudiants ont été tués et des milliers d'autres blessés. À l'internationale, la pression a commencé à se faire sentir et beaucoup de militants ont commencé à demander à leur gouvernement respectif d'intervenir. Des sanctions furent imposées, mais l'apartheid résista jusqu'en 1990. Après plusieurs années de sanctions, le pays était mal en point et le nouveau gouvernement élu en 1990 mit fin à l'apartheid immédiatement...
Voici la maison de Nelson Mandela dans Soweto. Il y a vécu pendant 4 ans avec sa première femme. Puis, après son divorce, il y a vécu quelque temps avec sa nouvelle femme Winnie Mandela. Par la suite, Winnie y est demeuré et Nelson Mandela a commencé à vivre clandestinement pour être ensuite emprisonné pendant 27 ans pour sa participation à la politique. Nelson Mandela est toujours considéré comme un grand homme politique qui s'est battu pour la liberté de son peuple. Après ses 27 ans de prison et la fin de l'apartheid, il a été élu le premier président (noir) de l'Afrique du Sud démocratique. Une histoire intéressante à lire dans le livre cité plus haut.
Prétoria
Prétoria, situé à 50 km de Johannesburg, est la capitale administrative du pays et ancien bastion du régime de l'apartheid. Prétoria est considéré plus relax et sécuritaire que Johannesburg. Aujourd'hui, c'est toujours le siège du gouvernement.
Une statue de Nelson Mandela devant les édifices du gouvernement sud-africain. Nelson Mandela a été le premier président noir élu démocratiquement en Afrique du Sud.
Le centre-ville de Prétoria n'est pas très intéressant à part le Church Square qui est entouré d'édifices avec une belle architecture. Malheureusement, lors de ma visite, toute la rue entourant la place était en réparation...
Au centre du Church Square, la statue de l'ancien président de l'état boer, Paul Kruger.
Vers la fin des années 1800, la région était contrôlée par les Boers et non par les Anglais. Kruger en était le président. Celui-ci possédait une petite maison de vacances dans Prétoria. À l'intérieur de cette maison secondaire, on peut voir à quelque point ce président vivait richement pendant que le peuple noir s'entassait dans les townships.
Monument et musée Voortrekker
Ce monument se trouve en banlieue de Prétoria. Il est en l'honneur des Boers qui ont fui le régime anglais de la colonie du Cap dans les années 1800. En effet à cette époque, les Anglais contrôlaient Cape Town et la région qui l'entourait. Les Boers, insatisfaits de leurs sorts sous le régime anglais, décidèrent de s'exiler vers le nord-est du pays pour aller fonder Prétoria. Ce grand trek de plus de 1000 km en terrain inconnus est célébré aujourd'hui par ce grand monument.
Je ne peux m'empêcher de commenter les musées de blancs et de noirs. J'en ai visité quelques-uns depuis mon arrivée et tous les musées de blancs parlent de conquêtes et de guerres. Par contre, les musées de noirs parlent du chemin vers la liberté, de paix et d'égalité... un phénomène assez intéressant.
Un peu plus loin, une ancienne forteresse.
Court séjour à la maison
(Québec)
Parcs nationaux Pilanesburg & Mokala
(Afrique du Sud)