Le véhicule
Lors de mon premier voyage (Tanzanie 2011), le véhicule ne contenait pas de lit ou de compartiments pour ranger l'équipement et la nourriture. Pour ce voyage de près de 6 mois en Afrique de l'Est, j'ai essayé de construire un « chez-soi » plus confortable. L'idée était forte simple, mais la réalisation s'est avérée plus compliquée que prévu.
Le résultat final est très satisfaisant, mais il reste à voir si le meuble va tenir le coup sur les routes souvent cahoteuses de l'Afrique. Je vous présente ici la construction du meuble et les petits problèmes rencontrés.
En 2011, lors de mon séjour en Tanzanie, j'avais décidé de travailler chez un charpentier afin qu'il m'aide à construire le lit. Cependant, avec les problèmes de communication dus à la langue que nous avions dès le début, j'ai changé de stratégie.
Je suis allé rester dans un endroit géré par l'archidiocèse catholique d'Arusha. Je peux stationner le véhicule et construire le meuble à mon rythme. L'endroit est très joli et la petite chambre que je loue offre une belle vue sur le mont Méru. Il y a un grand terrain clôturé et gardé constamment par un agent de sécurité. L'enceinte renferme plusieurs bâtiments pour loger des voyageurs et bénévoles, un grand stationnement, une grande cour arrière et des animaux domestiques.
La première étape consistait à brancher une deuxième batterie. Cette batterie sert à l'éclairage et aussi pour les appareils électroniques et elle se recharge automatiquement lorsque la voiture est en marche. Un avantage de ce système est que la batterie reste chargée en tout temps.
La qualité des batteries qu'il est possible d'acheter en Tanzanie est très différente de chez nous; après 1 mois, une telle batterie est presque complètement déchargée. Au Québec, après plus de 6 mois, il est possible de reconnecter une batterie et de démarrer une voiture.
Par la suite, j'ai acheté le bois nécessaire à la construction. En Tanzanie, on ne trouve pas de beaux panneaux de 4 x 8 pieds, mais seulement des panneaux de 26 cm sur 5 mètres de long. Les panneaux sont très épais et on doit les passer au planeur afin de les amincir. Les embûches ont commencé à ce moment.
En plus de devoir travailler avec des panneaux d'un maximum de 26 cm de large, chaque panneau avait une largeur différente (entre 24 et 27 cm). De plus, tous les panneaux avaient une largeur variable; à un bout 25 cm, à l'autre 26 cm. Donc, aucun angle droit de référence pour commencer le travail.
Après avoir acheté une scie qui me semblait bonne, je me rends compte immédiatement que rien ne va comme prévu. La scie ne coupe pas bien et en plus elle ne coupe pas droit. Non, ce n'est pas uniquement en raison de l'opérateur. Avec l'aide de Thomas, un des gars qui travaille à l'endroit où je réside, nous réussissons à régler le problème de la scie.
Chaque dent sur la scie est légèrement inclinée vers l'extérieur en alternance; une à droite, une à gauche, etc. Donc, avec un clou et un marteau et mon aide (assez minime), on a crochi chaque dent de la scie une à une. Ensuite, on a limé chaque dent pour les aiguiser. Donc, après près de 3 heures de travail, j'avais une scie qui fonctionnait.
Je n'aurais jamais pensé faire une histoire sur un tournevis, mais bon, on est en Afrique et la vie est différente. Avant de partir de Québec, j'ai acheté beaucoup d'équipement afin de bâtir le meuble que je voulais une fois en Tanzanie. J'ai acheté des équerres (angles droits) et beaucoup de vis (plus de 200). Chez nous, on ne se pose pas la question à savoir si l'on prend des vis de type plat, en étoile ou bien carré. J'ai choisi le type carré sans trop y penser.
Mais voilà, une fois en Tanzanie, je me rends compte que je n'ai pas de tournevis de ce type et je me rends au centre-ville afin de faire du magasinage. Oh misère, j'apprends qu'il n'y a pas de tournevis de type carré en Tanzanie. Après 2-3 heures de magasinage et plus d'une dizaine de quincailleries, je ne trouve rien.
Je finis par trouver une grande quincaillerie et les gens sur place essaient de m'aider à trouver une solution à mon problème, car je ne voulais pas racheter pour plus $ 100 de vis. Ces gens m'ont trouvé l'outil sur la photo ci-contre, qui est en fait un genre de poinçon. La tête était pointue, mais avec une base carrée. Armé de ce poinçon et d'une lime à fer, je passe presque 3 heures à limer l'outil afin d'en faire un tournevis carré.
Voilà donc une simple histoire de tournevis... Plus de 5 heures de travail et de magasinage uniquement pour obtenir un tournevis adéquat. Ouf!!! Et je ne vous parle pas des nombreuses ampoules que j'ai eues dans les mains avec ce tournevis qui a un manche un peu trop petit pour l'ouvrage que je devais faire.
Après 3 jours, je n'avais presque pas progressé dans la construction du meuble. La première journée, j'ai acheté le bois. La deuxième, j'ai réparé ou fabriqué mes outils. La troisième journée, j'ai scié mes panneaux. La quatrième journée, j'ai commencé à monter la base du lit. Dire que j'avais prévu environ une semaine pour le fabriquer le meuble.
Comme je vous le mentionnais plus haut, aucun panneau n'avait un angle droit correct. Je me suis débrouillé pour aligner les planches comme j'ai pu (voir la photo). J'ai intercalé des panneaux pour faire la base du lit. C'est beaucoup plus de travail que prévu, mais cela m'a permis de résoudre le problème des panneaux croches. Tout a été fait de façon manuelle, des centaines de trous faits à la main pour les nombreuses vis que j'ai installées.
Voici le résultat de près 2 semaines de travaux (oui, d'accord avec des journées de congé). Sur place, il y avait un groupe d'étudiants dans le domaine médical (docteur, infirmier, dentiste) qui m'ont encouragé dans mes efforts. J'ai passé de très beaux moments avec eux et cela m'a permis de relaxer après une journée à scier ou visser des panneaux. Je les salue tous; il y avait Cindy, Neha, Julia, Alena, Bethany, Dylan, Odion et Aaron.
Nous avons essayé notre petit réchaud MSR avec le combustible disponible localement: le diesel. C'est le seul combustible qu'on peut trouver en Tanzanie pour ce type de réchaud. Un essai qui nous a convaincus d'opter pour un autre système, un réchaud au propane/butane fait en Tanzanie. Le diesel sent mauvais et laisse de la suie noire sur le brûleur et les chaudrons. Juste le fait de remplir la petite bouteille du réchaud MSR avec le diesel laisse une odeur désagréable dans le campement, une senteur qu'on ne voulait pas en préparant un repas.
Ce petit réchaud va probablement nous durer 1 mois étant donné que nous mangerons souvent dans les petits bouis-bouis locaux. En effet, cela revient moins cher que d'acheter et cuisiner sa propre nourriture. Évidemment, la variété en souffre puisque la nourriture de la rue est peu variée.